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Terre Blanche change de peau

Les parcours de Terre Blanche prennent très au sérieux le respect de l'environnement. C'est même en changeant complètement la graminée principale utilisée que l'emprunte énergétique des tracés varois vise à être contenue.

Lionel Gardes-Bus, responsable des opérations golf de Terre Blanche :

C'est un changement minime pour le golfeur, presque invisible. « Une personne qui n'a pas l'oeil d'un spécialiste ne voit pas la différence ». Mais pour le site varois, c'est une évolution majeure. Engagée dans une démarche écoresponsable, la structure s'est lancée il y a quelques mois dans une conversion de flore de ses deux parcours de 18 trous, le Château et le Riou.

Une conversion de flore, quèsaco ?

« Nos problèmes étaient surtout concentrés l'été à cause du réchauffement climatique », concède le consultant en agronomie Alain Dehaye, qui a supervisé l'opération. La sécheresse et l'apparition de parasites de plus en plus résistants ont obligé le golf de Terre Blanche à agir. La direction a donc jeté son dévolu sur un type de gazon plus adapté : le Bermuda Grass Riviera. Une graminée utilisée dans les plus prestigieux golfs à travers le monde.

« On a ressemé dans les tapis existants en mai 2019 et on a laissé prospérer ce nouveau gazon pour qu'il puisse prendre sa place et s'implanter partout, explique Alain Dehaye. Ce sont des variétés relativement agressives qui prennent le dessus sur le tapis existant. » Mais à Terre Blanche, il y a une règle à respecter pour les équipes d'entretien des parcours : interdiction d'utiliser des produits phytosanitaires. « C'est toute la difficulté ici. Le Bermuda Grass Riviera est délicat à implanter, mais cela commence à être payant. D'ici deux ou trois ans, nous aurons de nouveaux fairways », prédit Alain Dehaye. Et ce n'est pas l'épidémie de Covid-19, à l'origine du report de la seconde phase d'implantation du début à la fin de l'été, qui devrait remettre en cause cette prévision.

Des belles économies en perspectives

Malgré ce léger retard dans le programme, tout le monde à Terre Blanche se montre plutôt satisfait du travail déjà accompli. « Même si les plantes sont jeunes, le gazon occupe son espace, il est bien enraciné », explique le consultant en agronomie. Cela devrait se concrétiser par « un tapis très dense, très ferme, avec une texture fine qui s'oppose bien aux mauvaises herbes ». Les premiers résultats, eux, se font déjà sentir. « Le travail entamé a permis de réaliser une économie en eau d'arrosage de l'ordre de 30 % », se félicite Lionel Garde-Bus qui vise les 50 % à la fin du processus.

Des résultats qui compensent sur le long terme les lourds investissements réalisés pour transformer les parcours de Terre Blanche, détenteur du label Argent dans la cadre du programme Golf pour la biodiversité lancé conjointement par la Fédération française de golf et le Muséum national d'Histoire naturelle. Mais l'effort était nécessaire selon Alain Dehaye. « Cela va dans le sens de ce que doit être le golf demain. Les enjeux environnementaux à venir sont tels que l'on sera obligé de modifier notre façon de travailler. »

« Terre Blanche sert de laboratoire »

D'ailleurs, d'autres golfs de la région se sont intéressés à cette conversion de flore. À commencer par celui de Cannes-Mougins, partenaire de Terre Blanche. « Ils nous ont approchés pour se renseigner. Ils ont aussi fait quelques tests de leur côté », explique Lionel Gardes-Bus. Le responsable des opérations golf confie aussi avoir « reçu pas mal de coups de fil de directeurs de golf et de greenkeepers », curieux de savoir comment ils avaient procédé.

« Terre Blanche sert de laboratoire », se félicite-t-il, conscient de l'esprit avant-gardiste du projet dans la région. Mais aux yeux de Lionel Garde-Bus, cela pourrait vite devenir la norme. « À l'avenir, tous les golfs seront obligés de rentrer dans cette réflexion et cette logique. » Et les golfeurs dans tout cela ? Eux aussi auront sans doute un rôle à jouer. « Ils devront peut-être réfléchir à jouer autrement dans les années à venir », prédit-il.

Un engagement total en faveur de l'écologie

Pour accompagner cette conversion de flore, le golf de Terre Blanche s'est doté récemment d'une gazonnière de 1 350 m2, semée exclusivement en Bermuda Grass Riviera. Cela permet au site d'être entièrement autonome dans ce domaine. « Nos équipes vont pouvoir procéder à la technique du bouturage pour un résultat encore plus efficace et respectueux de l'environnement », se réjouit Lionel Garde-Bus. Plus besoin non plus de faire livrer par camion depuis l'étranger les graminées, une autre façon pour le golf de se distinguer en luttant contre la pollution.

Mais Terre Blanche s'investit aussi dans le quotidien des golfeurs pour rendre leur expérience plus écologique. Certains joueurs un peu maladroits le découvriront vite à leurs dépens. « On a laissé la nature reprendre le dessus à certains endroits du parcours », explique le responsable des opérations golf. Les bouteilles d'eau en plastique, distribuées dans les voiturettes ont aussi été supprimées cet été et remplacées par des bouteilles en carton 100 % recyclable. Enfin depuis plus d'un an, des bacs de tri sélectif sont disponibles.