(BOUE SEBASTIEN/Presse Sports)
(BOUE SEBASTIEN/Presse Sports)

Qu'elle est verte ma Fédé

Lancée sous l'impulsion de Jérôme Paris, vice-président de la Fédération française de golf au début des années 2000, la vision écologique du golf par la FFGolf n'a cessé de croître depuis. Tour d'horizon de l'implication de la FFGolf dans ce secteur crucial pour l'avenir du golf et de nos golfs.

« On a commencé à Dinard et après Jérôme a importé sa fibre écologique à la Fédération. » Jérôme, c'est Jérôme Paris, vice-président de la Fédération française de golf de 2005 à 2013, malheureusement décédé l'an passé. Marie-Christine Paris, son épouse, propriétaire du golf de Dinard, se souvient avec émotion et fierté des débuts de son golf, de son mari et de la Fédération dans la prise de conscience écologique. Georges Barbaret, président de la Fédération durant ces deux mandats, se souvient également de cette époque : « Je m'occupais d'un groupe agroalimentaire. Et la prise de conscience du monde paysan s'est faite à la même époque, il y a une vingtaine d'années. » Celui qui était directeur général de Coopagri-Bretagne a confié à Jérôme Paris la gestion de l'environnement et du golf : « Ça s'est fait naturellement, Jérôme était sensibilisé à ces questions, l'eau, les produits phytosanitaires, la biodiversité. On a compris qu'il fallait mettre l'accent là-dessus. Jérôme était plus particulièrement en charge de ces questions. Mais évidemment, avec ma formation d'ingénieur agronome et mon expérience professionnelle, je m'y intéressais également. »

La Fédération n'a cessé depuis d'intensifier son engagement dans ce secteur crucial, enchaînant les réformes et les mesures (voir encadré). Aujourd'hui, le département du développement et de l'organisation du territoire de la FFGolf est vital, comme le confirme son responsable, Gérard Rougier : « De nos jours, il est impossible de construire un golf sans faire attention à ce que l'on fait d'un point de vue environnement. On accompagne aussi les golfs existants : dans les dix ans à venir, on sera confrontés à des problèmes d'eau, à des problèmes d'entretien de sol. Les zones artificialisées seront de plus en plus interdites. »

Plus d'une centaine de projets sont en cours en France avec principalement des petites structures, alors que depuis 2010, 10 golfs 18 trous ont ouvert ainsi que 24 9 trous. Avec deux pôles particulièrement importants, pour les projets comme pour les golfs existants, l'eau et les produits phytosanitaires. Pour le premier, les réserves d'eau, la récupération d'eau et le drainage sont au coeur de la politique de prévention. Avec souvent des économies de près de 50 % ces dernières années. Gérard Rougier : « Pour l'instant, on conserve le droit d'arroser les greens, entre 20 heures et 8 heures, au stade trois, le stade maximal du plan sécheresse. Au stade quatre, plus personne ne peut arroser quoi que ce soit nulle part... »

L'autre épée de Damoclès qui plane sur les golfs, c'est bien évidemment, l'usage des produits phytosanitaires, les produits chimiques, ces fameux intrants. Avec juste à côté de chez nous, un exemple à taille réelle, la Belgique ou plus exactement la Wallonie où le « zéro phyto » est activé depuis le 1er juin 2018. Avec pour conséquence des maladies et des greens très souvent plus que moyens sur les 35 golfs gérés par l'Association francophone de golf. Car pour l'instant, on ne sait pas faire sans ces fameux produits phytosanitaires.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les problèmes de nos cousins belges ont rendu service à la Fédération comme l'explique Gérard Rougier : « La Belgique nous a offert des arguments et des éléments de discussion vis-à-vis du gouvernement. On a montré aux différents ministères comment une économie sportive pouvait être mise à mal par une loi qui ne prend pas en compte tous les bons usages. »

Le 1er juillet 2022, le zéro phyto sera à son tour actif dans l'Hexagone avec un délai de transition pour les terrains de sport jusqu'en 2025. En golf, cela concerne les fairways, départs, practice et greens. Le directeur exécutif-adjoint de la Fédération poursuit : « Il nous faut un délai pour trouver des solutions mécaniques, des changements de méthode d'entretien et investir dans la recherche et développement pour trouver des produits de substitution. »

(DR)
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Heureusement la FFGolf n'est pas seule et travaille avec ses homologues du foot, du rugby, du tennis et avec leurs ligues professionnelles sur l'utilisation des produits chimiques. Gérard Rougier conclut : « Ensemble, on est plus forts mais on n'a plus le choix. Le golf doit être en connexion avec la nature. D'ailleurs, on espère inverser la tendance et prouver que le golf peut être un plus pour l'écologie avec les golfs urbains. On souhaite apporter grâce à notre sport des poumons verts au coeur des villes dans les cinq ou six prochaines années. Ramener de la nature, des animaux, de la biodiversité là où il n'y en avait plus. »

Les dates clés

2006 : Lancement de la première charte sur l'eau

2008 : Plan Écophyto. Objectif : réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires, suite au Grenelle de l'environnement (2007).

2010 : Signature de la Charte nationale « Golf et Environnement »

2011 : Label « Golf écodurable » développé par Écocert

2016 : Partenariat FFGolf et Muséum national d'Histoire naturelle

2018 : Lancement du programme Golf pour la biodiversité.

2019 : Signature d'un accord-cadre avec les ministères en charge du sport, de l'écologie et de l'agriculture.