On retrouve Julien dans le coeur de Prague. T-shirt et pull sur les épaules, le Français déambule dans les rues de la capitale. On découvre le Pont Charles, les petites rues et les tramways typiques, rouge et beige. « J'adore vraiment me promener dans Prague, flâner. C'est une ville assez grande mais qui reste à taille humaine. Là, on est dans la vieille ville et juste en face il y a le parc du Monastère Strahov où l'on a de superbes vues sur Prague. J'ai beau y habiter, j'en prends plein la vue. J'adore aussi aller voir le hockey sur glace. Ici, avec le foot, c'est le sport national. » Au détour d'une rue pavée, l'ancien n° 3 mondial amateur explique son choix. « C'est surtout grâce à ma fiancée, Simona ; elle est slovaque. La Slovaquie et la République tchèque sont deux pays voisins. On s'est rencontrés aux États-Unis, à la fac il y a maintenant dix ans et en rentrant des USA on a emménagé ensemble en France ; mais ça ne se passait pas très bien. Elle n'était pas très heureuse. Son travail lui a donné l'opportunité de venir à Prague. On y est depuis trois ans. » Tout juste sorti d'une séance de physio, Julien regarde sa montre. Attendu chez le dentiste, il regarde les horaires du tramway. « Que ce soit à l'entraînement ou pendant les temps off, il faut trouver le bon équilibre entre bien récupérer et prendre du temps pour soi, pour son corps, pour recharger les batteries. Je suis encore en train d'apprendre sur le sujet, mais je pense que je commence à trouver le bon rythme. »
« Je peux vous dire Ahoj Journal du Golf, rigole le cad. Ça veut dire "Bonjour Journal du Golf". Ou alors "Dobra rana Julien". Joli coup Julien. Tiens d'ailleurs il faudrait que je le dise en tournoi. C'est une idée. (rires)
Basile D'Alberto, caddy de Julien Brun
Basile les bons tuyaux
Basile D'Alberto, le caddie de Julien, descend justement d'un tramway. « Vous avez là le guide touristique de Prague », s'amuse Julien. Le cad et le joueur ont commencé leur collaboration il y a maintenant trois ans et demi. Mais « Baz » vit à Prague depuis bientôt dix ans. Les deux hommes sont presque voisins. Une proximité favorisant la relation du duo. « On est totalement professionnels mais dans la zénitude, explique Basile. On se dit tout ce que l'on pense pour le bon fonctionnement et l'évolution de l'équipe. Julien Brun, c'est la force tranquille. » Tout en marchant, le binôme rigole, se chambre, parle golf et sort même quelques mots de tchèque. « Je peux vous dire Ahoj Journal du Golf, rigole le cad. Ça veut dire "Bonjour Journal du Golf". Ou alors "Dobra rana Julien". Joli coup Julien. Tiens d'ailleurs il faudrait que je le dise en tournoi. C'est une idée. (rires) »

TCU toujours dans le coeur
Le lendemain, la journée commence tôt pour le 163e joueur mondial. Il est 8 heures, Julien prend le volant de son Audi Allroad. Le Français ajuste son siège, met le contact et une musique aux accords locaux envahit l'habitacle au premier tour de clé. « Ça réveille non ? sourit le natif de Cagnes-sur-Mer. J'aime bien mettre de la musique le matin que ça soit tchèque ou non. C'est vrai que je ne comprends pas grand-chose à la langue mais j'adore écouter tous les styles mais aussi des podcasts en français : comme L'Équipe du soir ou Swing. » Sur le contact, un porte-clés aux couleurs de TCU se balance. Même à plus de 10 000 kilomètres de là, l'ancienne université du Français est toujours bien présente dans sa mémoire. « J'ai quelques trucs par-ci, par-là qui me rappellent mon université. Je marque mes balles en violet par exemple (les couleurs de son ancienne fac). Je suis encore très attaché à cette période. J'y ai quand même passé six ans de ma vie. Je suis toujours en contact avec mon coach de l'époque. Je parle très souvent avec Paul Barjon. Au moment des finales régionales ou des NCA, je regarde forcément. »
Puissance et explosivité
Quelques minutes plus tard, la voiture stoppe sa route sur le parking d'une zone commerciale de la périphérie de Prague. Ce matin, Julien a rendez-vous au Gym Park de Chodov avec son préparateur physique Byma Svatopluk pour un travail d'explosivité, de mobilité et de force. Byma, regard perçant et poignée de main ferme, salue son élève, explique le programme du jour et à 9 heures pile, la séance commence. Appliqué, Julien suit les conseils de son coach à la lettre. Le joueur du Tour européen envoi un médecine-ball de 4 kg à Byma tout en fléchissant les jambes ou encore en pas chassé en se tournant vers la cible à la manière d'un swing de golf. Au bout de plusieurs séries, les premières gouttes de sueur font leur apparition pour le plus grand plaisir de son coach. « Depuis que l'on travaille ensemble, Julien a fait beaucoup de progrès. Il a perdu du poids et gagner en puissance. C'est quelqu'un qui bosse vraiment dur et très sérieusement. »

Les exercices s'enchaînent et le préparateur de la fédération tchèque pousse son élève dans ses retranchements sur un exercice de force. Barre de développer-coucher sur le sol et poids de 30 kg de chaque côté. Julien doit la soulever en se penchant, en gardant le dos droit et sans fléchir les genoux. « Il faut que tu te sentes plus grand. Plus grand », répète inlassablement Byma. Le Français s'essuie le visage, s'hydrate et reprend son souffle un moment. « Je n'ai pas besoin d'être dur avec lui, explique son préparateur physique. Julien est déjà très exigeant avec lui-même. Je n'ai pas besoin de crier ou de le motiver. Il est toujours là à l'heure, à l'écoute et volontaire. C'est très agréable de travailler avec lui. »
Une heure plus tard, la séance touche à sa fin. Après une bonne douche, direction l'Albatross Golf Resort.
« Le petit green est juste à côté du chipping-green qui est très proche du practice. Les greens sont très bons toute l'année et le parcours est de très bon niveau. Ici, je suis au top. »
Julien Brun au sujet du parcours de l'Albatross Golf Resort
L'Albatross avec deux s
On quitte la zone commerciale de Chadov pour retrouver des routes de campagnes. Au bout de quelques kilomètres, l'Albatross Golf Resort apparaît. Ce vendredi, le parking est plein. Julien se gare où il peut, sort son sac et direction le club-house. À l'intérieur, on découvre un mur de photos souvenir du Czech Masters : Thomas Pieters, John Daly, Darren Clarke, Scott Jamieson avec sa carte de 61, record du parcours, dans les mains ou encore Joost Luiten. Pas le moment de s'attarder, le Français se dirige vers le practice sur herbe. « Avec une herbe de qualité et bien rase. C'est important », s'amuse l'ancien n° 3 mondial amateur. Il installe son TrackMan, ses baguettes au sol et commence à faire ses gammes sous le regard admiratif de quelques membres. « J'ai vraiment de la chance de pouvoir m'entraîner ici. Les installations sont canon et tout est très proche. D'un point de vue gain de temps, c'est vachement intéressant. Le petit green est juste à côté du chipping-green qui est très proche du practice. Les greens sont très bons toute l'année et le parcours est de très bon niveau. Ici, je suis au top. »
Quelques minutes plus tard, un autre joueur du Tour fait son apparition sur le practice de l'Albatross Golf Resort. Haydn Porteous, vainqueur du Czech Masters 2017, pose son sac et salut son homologue français. « Lui aussi habite Prague, précise Julien. En plus, quand tu gagnes le tournoi du Tour qui se déroule ici, tu deviens membre à vie. » Les deux joueurs échangent quelques mots et retournent à leur zone de travail. « J'adore vivre en République tchèque, raconte le Sud-Africain. La vie est très simple et pas chère. Le climat est vraiment très bon l'été, du coup c'est parfait pour s'entraîner. Pour moi, c'est idéal d'être ici car je suis plus proche du Tour européen. Ça limite les voyages inutiles. Nous sommes au centre de l'Europe, c'est assez pratique. »
Après quelques réglages sur le putting-green, les deux joueurs se retrouvent sur le départ du 1 pour jouer quelques trous en mode compet'. « Même si sa carrière a démarré doucement, Julien est un très bon joueur. C'est vraiment idéal de s'entraîner avec lui et de se mesurer à lui sur le parcours, explique Haydn Porteous. Comme moi, il est sur le DP World Tour et c'est ce genre de joueurs que l'on affronte chaque semaine. »