Pauline Roussin-Bouchard se raconte tous les mois dans Journal du Golf. (PAUCE)
Pauline Roussin-Bouchard se raconte tous les mois dans Journal du Golf. (PAUCE)

Pauline Roussin-Bouchard à la conquête de l'Amérique

Pauline Roussin Bouchard découvre le LPGA Tour cette année et sera la chroniqueuse de Journal du Golf toute la saison. La Française revient sur le mois écoulé et nous donne son sentiment sur l'arrivée massive de la jeunesse en haut des classements mondiaux.

Réglages sur l'Epson Tour

Le tournoi sur l'Epson Tour (le Florida's Natural Charity Classic où elle s'est classée 5e le 6 mars, ndlr) était un tournoi pour travailler, continuer de jouer, sinon ça aurait fait six semaines sans compétition. C'était une bonne semaine pour mettre les choses en place, pour voir ce qu'il fallait travailler pour les semaines qui allaient précéder le Chevron Championship (le premier Majeur de la saison fin mars), donc c'était un planning parfait avant les cinq semaines en Californie.

Un numéro 13 malchanceux

J'ai fait un quadruple bogey sur le tournoi la semaine qui précédait le Chevron. Ça s'arrête là, dans le sens où c'était une bonne semaine, en tout cas avec un jeu qui était largement suffisant pour faire le cut. Et même pour aller chercher un peu plus loin au leaderboard. Malheureusement, j'ai eu cet accident sur ce trou numéro 13 qui m'a un peu coupé l'herbe sous le pied. C'était mon premier cut loupé et vu les circonstances, je suis vite passée à autre chose parce que le jeu était là. Alain (Alberti, son coach) est arrivé donc je n'ai absolument rien remis en question. Ça fait partie du métier. C'était un cumul de malchance et de mauvais jugement sur le lie pour un chip.

Premier majeur en pro

J'ai fait mon meilleur résultat en Majeur (35e) ! C'était donc une super semaine avec Alain et mes parents qui étaient là aussi. C'était un peu frustrant parce que j'étais sur les greens en régulation mais je ne mettais pas les putts. Donc ça aurait pu être pire, comme ça aurait pu être beaucoup mieux, surtout mieux, pas forcément pire parce que le jeu était là. Je touchais les greens en régulation et puis le week-end, 33 et 34 putts quelque chose comme ça. Ça devient compliqué pour jouer très bas.

Putting attitude

Je n'étais pas forcément déçue, parce qu'on ne peut pas tout remettre en question et enquêter pour savoir pourquoi le putting a un peu moins bien marché. Il y a des semaines comme ça et il y a aussi eu des choses positives avec des putts importants qui sont tombés, beaucoup de putts qui sont bien sortis. L'important, c'est de trouver le positif, mais de trouver aussi les petits détails à régler, donc c'est sur ces petits détails que l'on va bosser.

Une jeunesse inspirante

Ce top 5 mondial aussi jeune (voir p. 34), ça ne peut être qu'une bonne chose. Ça inspire encore plus, ça sert de locomotive. C'est vraiment super et c'est agréable de voir ça surtout ! Il y en a beaucoup qui sortent de fac et je pense juste qu'ils se disent qu'ils ont beaucoup d'expérience. Ils ont joué aux États-Unis surtout, donc ils ne se prennent pas le chou justement à se demander s'ils sont trop jeunes ou pas pour performer. Je n'y ai pas forcément beaucoup réfléchi pour être honnête, je suis un peu mon petit bonhomme de chemin. J'aimerais performer rapidement moi aussi. Mais il y a le piège à éviter, celui d'être trop pressée. Parce que justement en voyant tous ces jeunes qui performent rapidement, ça donne envie de gagner aussi mais ce ne sont pas des choses qui se forcent. Donc oui, je pense que j'ai le niveau pour gagner rapidement, mais ça ne se provoque pas.

Une maturité précoce

D'un point de vue psychologique, je pense les filles deviennent matures un peu plus tôt que les garçons. C'est pour cela qu'il y a toujours eu des championnes très jeunes dans le golf féminin. Honnêtement, chacun son caractère par rapport à ça, et chacun sa manière d'évoluer. Chacun son chemin ! Collin Morikawa a gagné tout de suite en sortant de la fac, Lydia Ko joue sur le Tour depuis qu'elle a 16 ans et a gagné 18 tournois, et potentiellement Morikawa va en gagner tout autant. Ce sont juste des profils différents mais finalement on pourrait dire que tous les chemins mènent à Rome quand ça joue aussi bien. Ça dépend beaucoup de la personnalité de la joueuse ou du joueur et de son entourage.

Les bienfaits de la technologie

La technologie joue un rôle, c'est évident. TrackMan, c'est sûr parce que ça permet de régler des détails que l'on ne peut pas contrôler avec une caméra, en tout cas en vidéo. Mais même la simplicité de Facetime a révolutionné le coaching. Parce qu'on est à un coup de fil d'avoir son coach par vidéo conférence, n'importe où dans le monde, donc c'est sûr que ça facilite beaucoup les choses.

Pas de modèle

Je n'ai pas de modèles dans les meilleurs mondiaux, parce que je m'inspire de tous. J'aime bien étudier chaque champion. Chacun apporte sa pierre à l'édifice. J'aime beaucoup Collin Morikawa, j'ai écouté pas mal de podcast sur lui, et sur Cameron Smith aussi, mais il y en a plein et presque des nouveaux chaque semaine ! Dès qu'il y a un jeune qui fait une performance, écouter ses interviews est hyper inspirant, donc je n'ai pas un modèle en particulier mais plusieurs !

Kupcho, déjà un Majeur

Chez les filles Jennifer Kupcho vient de s'imposer au Chevron, le premier Majeur de la saison. Elle n'a que 24 ans mais ça fait trois ans qu'elle est sur le Tour. Quand je suis arrivée aux États-Unis, elle finissait sa carrière amateur donc on ne s'est pas s'est croisées. Elle l'explique très bien dans ses interviews, d'ailleurs, que toutes ses années sur le Tour l'ont poussée à vraiment se préparer pour remporter des grands tournois. Après, c'est à chacun son rythme pour apprendre, de chacune des expériences, des cuts manqués, des victoires, des tops 5, des tops 10, pour pouvoir après faire le bon mix pour la bonne semaine.