On a golfé en Arizona

Dans cet état désertique de 300 000 kilomètres carrés, on compte quasiment autant de golfs que de cactus.Des « desert courses » aux parcours de resorts, en passant par des joyaux cachés, avec plus de 200 tracés dans tout l'État, il y a largement de quoi faire pour rassasier l'appétit d'un golfeur boulimique.

We-Ko-Pa, le « desert golf »

Quittons l'agitation de la ville pour prendre la direction du nord-est de Phoenix. Quelques kilomètres suffisent pour se retrouver en plein désert. L'Arizona authentique se dévoile sous nos yeux : cactus à perte de vue, bush, formations rocheuses et pas une habitation pour dénaturer le paysage. Après une petite demi-heure de route, nous voici devant l'entrée du We-Ko-Pa Golf Club. Un golf dans les cactus, voilà ce que l'on cherchait en posant le pied dans le « Grand Canyon State ». Voeu exaucé ! Et le nom du complexe aux consonances amérindiennes nous fait déjà saliver. « We- Ko-Pa tient son nom des Four Peaks (lieu très connu en Arizona, ndlr) dans la langue yavapai, explique Eric Dettman, le pro du golf. Le complexe a été construit sur la réserve Yavapai de Fort McDowell. Nos deux parcours, Cholla et Saguaro portent le nom d'espèces de cactus. »

Coyotes et serpents à sonnette

Notre tee-time est prévu à 9 heures sur le Cholla et le premier départ donne tout de suite le ton. Au loin, quelques coyotes se font entendre et mis à part les serpents à sonnette, il n'y a pas âme qui vive sur le parcours. À We-Ko- Pa, aucune maison ne vient polluer le décor. « C'est du "desert golf" total. Il n'y a pas d'habitation qui viendra gêner votre expérience, confirme Eric. C'est entre vous, votre balle et la nature. C'est une expérience unique dans la vallée. » Expérience également unique au niveau du jeu, elle propose un vrai test de golf. Dès le départ, le challenge est présent. Souvent en hauteur depuis le tee, il faudra avoir une bonne longueur de balle pour rejoindre un fairway posé 200 mètres plus loin. Entre le départ et le fairway ? Du sable, des cactus et des cailloux. Bob sur la tête et lunette sur les yeux, Steve termine avec son père son périple en Arizona à We-Ko-Pa. Même des départs avancés, mettre en jeu est parfois bien compliqué pour Andrew. « C'est l'un des parcours les plus difficiles que l'on ait joués, confirme Steve. On n'a pas intérêt à rater les mises en jeu sinon, c'est mort. »

(Lonna Tucker/©2018 lonna tucker, wekopa golf)
(Lonna Tucker/©2018 lonna tucker, wekopa golf)

Ambiance Far West

Entretien impeccable, paysage de Far West, pendant près de quatre heures trente, on s'émerveille. Trouver un trou signature est compliqué mais nos préférences vont naturellement vers le numéro 3 pour son ambiance Far West. C'est le premier par 3 du parcours et il faut aller chercher un green posé 150 mètres plus loin en survolant cactus, rochers et bush. Le départ du 8 est également un point fort avec sa vue panoramique sur les Four Peaks Mountains. « Le Cholla est plus du style Target avec des départs élevés, alors que le Saguaro a une disposition traditionnelle qui épouse plus naturellement la forme du terrain. Il faut jouer les deux pour vivre pleinement l'expérience de We-Ko-Pa. » Deux tracés reconnus qui sont d'ailleurs régulièrement classés dans les meilleurs parcours des États-Unis.

Oak Creek, le joyau caché

Voyager, c'est aussi se laisser guider par l'instinct et l'imprévu. À deux heures de route, au nord de Phoenix, le paysage change de visage. Au détour d'une colline, les cactus ont disparu pour laisser place aux montagnes rouges. L'Arizona est tellement vaste que l'on se dit qu'il y a forcément un golf niché au pied de ses majestueuses roches. Bingo ! Et la claque s'annonce immense. Juste avant Sedona, dans un petit lotissement, sur la gauche de la route se dresse un club-house qui ne paye pas de mine. À pas de loup, on entre. « Bienvenue à l'Oak Creek Country Club. » La voix est chaleureuse et derrière le comptoir, Heather Risk, la cinquantaine, engage la conversation. La directrice de l'enseignement, qui a vécu toute sa vie en Arizona, distille des informations sur l'histoire du parcours : « C'est un tracé qui a ouvert ses portes en 1968. À l'époque, il n'y avait que neuf trous. Ce n'est qu'en 1971 que le parcours a vu l'apparition de neuf trous supplémentaires. Le tracé a été dessiné par Robert Trent Jones Sr et Robert Trent Jones Jr. »

Panorama imbattable

Nous voici clubs en main au départ du 1. Si l'entretien ne rivalise pas avec We-Ko-Pa ou d'autres parcours haut de gamme, l'authenticité du tracé et surtout les vues à couper le souffle sur les Red Mountains valent le détour. C'est l'avis de Kevin, la trentaine, recruté comme homme à tout faire sur le golf. « Je suis là seulement depuis quelques mois. Je viens de Chicago. Ça me change d'être ici, c'est complètement différent. Le panorama est imbattable sur quasiment tous les trous. Quelle que soit la météo, c'est top. En plus, je travaille avec des gens vraiment sympas. » On se régale sur chaque départ et les points photo sont nombreux. Le cliché à ne pas louper reste le départ du 13 : un par 3 de 130 mètres aux pieds de majestueux rochers rouges. Notre trou préféré, de loin.

Parenthèse enchantée

Globalement très accessible, l'Oak Creek Country Club est un parcours « next door » comme on les aime : sexy et sans prétention, où la balade est presque aussi excitante que le jeu. Chaque détour de fairway offre un nouveau panorama magique. Après une petite bruine, le green du 18 nous offrira même un joli arc-en-ciel avec pour toile de fond les roches humides devenant de plus en plus ocre. On savoure l'instant en rentrant un ultime putt pour par. Sur le chemin du retour, la partie défile encore dans notre tête et on ne regrette pas une seconde d'être sortis des sentiers battus. Juste à côté du Sedona Golf Resort, autre joyau du coin, le Oak Creek Country Club est un passage obligé et une parenthèse enchantée dans votre séjour. Le parcours a même été classé 4e dans le top 10 des trésors cachés d'Arizona.

Wigwam, le golf resort

Pas de cactus non plus sur les 54 trous que possède le Wigwam Resort. La seule plante piquante se trouve au départ du Gold Course. Le Wigwam est un gros resort de golf qui a reçu à plusieurs reprises les qualifications de l'US Open. Pas de « desert course » au programme, mais un voyage en Floride tout au long du parcours : palmiers, sable blanc, obstacle d'eau et millionnaires en voiturettes. Rob, 70 ans passés, polo rose saumon et pull gris, est membre du Wigwam depuis des lustres. Le swing est rythmé et atteste d'unemaîtrise de bon joueur. L'Américain connaît le parcours comme sa poche et nous donne quelques tuyaux avant que nous ne plantions notre premier tee. « Ici, vous pouvez prendre le driver sans problème sur tous les trous. Si vous êtes un long frappeur, vous serez clairement avantagé. Le rough n'est pas très méchant, du coup on ne perd pas souvent sa balle. »

Mortels greens

Vérification immédiate sur le parcours, notre première balle égarée à droite est facilement visible sous les arbres. Le lie est correct et nous permet même d'envisager d'aller chercher le green. Si l'option est possible, la tâche s'avère plus compliquée que prévu. Si le parcours est très permissif au départ, il se corse ensuite et attraper un green en régulation est le vrai défi de la partie. « Nos greens sont notre principale défense, explique Leo Simonetta, le directeur du golf. Ils sont généralement surélevés avec de l'angle par rapport au fairway. Vous pouvez avoir un coup de 150 mètres mais avec ces angles d'attaques, il est très compliqué de les toucher. En plus, ils sont généralement bien protégés par des bunkers. » Et une fois sur les greens, il faudra également gérer leur vitesse supersonique et les pentes casse-tête, vecteurs bien souvent de trois voire quatre-putts. « Je ne m'y habitue toujours pas », confirme Rob résigné. Même si on ne retrouve pas la carte postale de l'Arizona, le test proposé par le Gold Course de Wigwam est assez prenant. Mention spéciale pour le trou numéro 8, un par 4 avec un canal qui passe tout le long du trou. Un obstacle qui ne paye pas de mine mais qui protège bien le green et attire les deuxièmes coups. Mais là aussi, une fois sur le green il faudra dompter les pentes pour espérer faire le par.