Golf de Granville  (Jean-Philippe Rodenburger )
Golf de Granville (Jean-Philippe Rodenburger )

J'irai golfer à Granville

Direction la Manche pour découvrir le club de Granville, un des seuls links de France, avec notamment des par-3 redoutables. Tour du propriétaire avec Patrick Schmitt, membre depuis plus de trente ans et Benjamin Cadiou, journaliste de Journal du Golf, fidèle du Grand Prix granvillais.

Jouer un links est toujours une expérience. Paysages inédits, style de jeu différent... À l'heure de planter son tee sur le départ du 1, on sait que l'on va vivre une aventure. En France les « vrais links » ne sont pas nombreux, mais Granville appartient à ce club très select. Sol sablonneux, bord de mer, ondulation du terrain et fairways parfois grillés en été, le parcours de la Manche répond à tous les critères. S'il peut paraître abordable au premier coup d'oeil, il révèle des par-3 redoutables.

Sous pression d'entrée

P. Schmitt membre depuis plus de 30 ans.
P. Schmitt membre depuis plus de 30 ans.

Le premier test arrive dès le 2. « Attention, le mat est un peu au fond », prévient Patrick Schmitt. Sur le départ, on se rend compte du défi : un green surélevé à plus de 160 mètres et l'interdiction de louper à droite sous peine de tomber dans un immense grassbunker. « C'est un obstacle vraiment profond mais qui permet de jolies recoveries. Attention, il peut aussi devenir cauchemardesque, parfois », poursuit Patrick, l'oeil malicieux. Du départ, le green est à peine perceptible et c'est avec une certaine appréhension que l'on plante son tee. Le drapeau nous sert de mire et l'on décide de viser légèrement à gauche. Le coup est moyen, notre balle s'échappe légèrement sur la droite. « On a une lumière assez blanche aujourd'hui, analyse le membre de Granville. Le soir ou le matin, les reliefs ressortent beaucoup plus et on se rend alors compte que c'est très chaotique. » Benjamin Cadiou, journaliste à Journal du Golf connaît bien le parcours de Granville. Fidèle du Grand Prix, il tremble néanmoins toujours devant le 2. « Il faut imaginer le jour où il ne fait vraiment pas beau. Là, on ne voit plus rien. » La petite brise marine se charge d'expédier notre balle dans la crevasse d'herbe et l'on se dit qu'un jour de grosse tempête, l'addition doit être bien plus salée.

Départ du 10 dans les années 1920.
Départ du 10 dans les années 1920.

En avançant vers le green, on aperçoit notre pelote, au pied de la butte. Le coup de wedge n'est pas donné mais le lie est très correct. « C'est une zone propre, nettoyée et tout à fait jouable. Si vous tombez quelques mètres plus loin, vous vous retrouvez dans la pampa. » Patrick se décale. « Laissez-moi vous présenter "Miss Galinette", une herbe beaucoup plus dense. Là, ce n'est plus du tout la même chose. » Une fois sur le green, le challenge reste entier. Les pentes sont compliquées à analyser et sortir avec un par ou même un bogey du 2 est un bon score. « C'est bon pour la confiance de faire 3 ici, confirme Patrick. Surtout avant d'entamer le 3, un par-4 avec également son lot de surprises. » Benjamin Cadiou abonde : « Au 3, c'est l'attaque de green qui m'a toujours fait peur. Si on est court, la balle redescend tout en bas, sur le fairway. »

Le 10, à la granvillaise
Le 10, à la granvillaise

Pour trouver le deuxième par-3 du parcours, il faut revenir vers le club-house. En face, collé à la route, le 10, avec son château d'eau ancestral, est le trou que l'on aperçoit en arrivant au golf. Considéré comme l'un des emblèmes de Granville, ce par-3 de 158 mètres des blancs fait peur. Accrocher le green demande un coup parfait ou bien étudié. Pourquoi ? Parce qu'il est en hauteur, en double plateau et qu'il est très difficile de stopper sa balle dessus. Si vous avez le temps, avant votre départ, postez-vous contre la barrière pour observer les parties défiler. Les balles sur le green du premier coup se compteront sur les doigts d'une main. « Si l'on sort de ce trou avec un bogey, c'est bien, confirme Patrick Schmitt. C'est un trou qui peut devenir très compliqué si on ne trouve pas le green. Les allers-retours peuvent être nombreux, l'agacement peut rapidement monter et on peut sortir d'ici avec un score très salé. » Le journaliste, la tête dans ses souvenirs de Grand Prix confirme : « Je crois que je n'ai pas souvent fait le par ici. C'est un trou clé car il arrive en plein milieu du parcours. En plus, il y a souvent quelques personnes qui vous regardent au départ. Généralement des passionnés de golf ou des vacanciers qui vont à plage avec leur serviette autour du cou. On a tout de suite un peu plus de pression. C'est un trou très intimidant. » À nous. Club en main, des départs jaunes (145 mètres), nous ne dérogeons pas à la règle : notre balle est trop courte et termine sa course en bas de la butte. « Même en mettant un bon coup de fer sur le plateau du haut, explique Benjamin Cadiou, la balle glissera derrière le green. Le chip devient alors très compliqué. »

Club House
Club House

Si le 12 est un par-3 plus classique, le 16 est un gros morceau. Un peu moins long que les autres, il est tout aussi intimidant. Du départ, on a l'impression de se retrouver face à un volcan prêt à vous faire exploser en vol. « C'est un green unique. Je ne pense pas que l'on en trouve d'autres de ce style, explique notre guide. Il y a plein de possibilités de jeu : on peut soit attraper le green directement, soit aller toucher le mur naturel derrière, en espérant que la balle redescende. Mais c'est un coup audacieux car si vous êtes trop long, vous pouvez vous retrouver au départ du 3. » Après un coup de fer-8, notre balle finira finalement sa course sur la gauche. « C'est un lob-shot de costaud à faire là », prévient le journaliste. Encore faut-il savoir les faire... Un chip trop court, un chip trop long et deux putts plus tard, le 16 et son green tout en descente ont mis nos nerfs à rude épreuve. « J'ai le souvenir d'un tournoi Madame Figaro où le drapeau avait été mis juste après la rupture à l'entrée du green, raconte Patrick Schmitt. Les greens étaient très secs. Les joueuses cherchaient la profondeur du green pour que la balle redescende. Mais quand elles puttaient, leurs balles sortaient du green. C'était une position un peu vicieuse. »

À l'image des précédents, ce par-3 ne fait pas de cadeau et ces trois coups de fer sont peut-être les plus importants du parcours.

Infos pratiques

Golf de Granville Baie du Mont-Saint-Michel

Par-72

Tarif : à partir de 55 €

Plus d'infos : golfdegranville.com

Où manger :

L'Albatros

Il ne faut pas manquer le restaurant du club-house et sa terrasse. En plus de pouvoir observer les joueurs sur le départ du 10 en buvant un verre, vous pouvez aussi manger un bout jusqu'à tard dans l'après-midi. Mention très spéciale pour l'andouillette grillée avec frites et sa sauce au poivre.