J'irai golfer à Chantilly Vineuil

Journal du Golf vous emmène dans les Hauts-de-France pour découvrir le golf de Chantilly et son fameux parcours de Vineuil. Inauguré en 1909, le tracé est devenu au fil des ans un des endroits les plus mythiques du golf en France et un pèlerinage obligatoire pour tous les amoureux de ce jeu. Découverte.

Jouer à Chantilly est une sacrée expérience, entre voyage dans le temps et plongée dans l'histoire du golf français. L'arrivée dans la ville, devant le Château et ses écuries puis sur la route pavée, est déjà grandiose. Bientôt, on aperçoit le drapeau avec les armes du club.

Une tradition ancestrale

Sac de golf sur le dos, direction le mythique club-house. On pousse la porte pour retrouver Rémy Dorbeau, le directeur des lieux. « Je suis passé par Saint-Nom-La-Bretèche et Saint-Germain mais Chantilly, c'est unique. Ce sont d'énormes personnages, une histoire de dingue et une générosité sans limites », résume-t-il ainsi. Pull aux couleurs du club sur les épaules, Laurent Bailly, président du golf, nous réserve un accueil chaleureux. La visite peut commencer. Juste en face de l'entrée, plongée immédiate dans l'histoire du club : une immense photo en noir et blanc habille le mur. « C'était le jour de l'inauguration, précise le président. On peut lire en dessous 27 septembre 1909 et on aperçoit sur la photo Arnaud Massy et Jean Gassiat, les deux meilleurs pros français de l'époque, qui remontent la pente d'un trou qui est aujourd'hui le 16 du parcours de Vineuil. » Le voyage dans le temps se poursuit un peu plus loin. Sur la gauche au bout du couloir, les vestiaires n'ont pas changé d'époque. Les casiers boisés ont gardé leur allure d'antan et on imagine sans problème Massy et Gassiat débriefer leur partie en reboutonnant leur veston. « Je vous avais prévenus, c'est dans son jus. C'est un vestiaire à l'ancienne, ces casiers sont là depuis toujours. Mais pas question pour nous d'en changer. On veut qu'il reste comme ça, ça fait partie de notre histoire. »

(PHILIPPE MILLEREAU / KMSP)
(PHILIPPE MILLEREAU / KMSP)

Sport, tradition et convivialité

Chantilly est un lieu qui vit, dors, respire golf et la suite de la visite ne fait que le confirmer. Dans la salle de bridge trône une vitrine débordant de trophées, surveillée par les photos des anciens présidents du club : Alexis Godillot, Pierre Bechmann ou encore Jean-Louis (Coco) Dupont. « C'était un grand monsieur du golf français. Il a été président du club pendant plus de vingt ans (1980-2001). Il a marqué de son empreinte notre structure et c'est lui qui nous a légué les trois piliers du club : sport, tradition et convivialité. » Notre guide se dirige maintenant vers l'immense salle de restaurant. Sur les murs, les traditionnels palmarès des compétitions organisées par le club : de la prestigieuse coupe Murat à l'open de France, hébergé à 10 reprises par Chantilly. « Là, vous pouvez voir la dernière compétition que nous avons créée : le trophée Alexis Godillot, continue Laurent Bailly. C'est une compétition pour les jeunes de 14 ans et moins. Elle existe depuis 2017 et nous avons tellement de succès que la Fédération a décidé d'en faire des Internationaux de France dans cette catégorie d'âge. »

« Coco Dupont a marqué de son empreinte notre structure et c'est lui qui nous a légué les trois piliers du club : sport, tradition et convivialité. »

Laurent Bailly

Mythique terrasse

Derrière le bar, deux photos font la fierté du président. Sous cadre, l'équipe première de Chantilly avec le trophée Gounouilhou sous les bras. Deux photos pour deux époques : 1985 et 2017, dates des deux dernières victoires du club dans l'épreuve. Deux succès qu'a vécus Laurent Bailly, un en tant que joueur et l'autre comme capitaine. « Pour nous, comme pour tous les clubs, la Gounouilhou, c'est le Graal. À titre personnel, c'est fabuleux. D'autant plus qu'en 2017, il y avait une grande attente. Le club ne l'avait plus gagnée depuis trente-deux ans. C'est une grande fierté pour moi. » La visite se termine sur l'immense terrasse du club-house. Dans notre dos, la mythique horloge d'époque et face à nous, une vue panoramique sur le parcours. « On aperçoit quasiment 14 trous. Mais il faut vraiment avoir un oeil averti pour tous les reconnaître. Cette vue est aussi une signature de Chantilly. Il n'y a pas beaucoup de parcours en France qui proposent ce panorama. »

Chantilly vu du ciel (PHILIPPE MILLEREAU)
Chantilly vu du ciel (PHILIPPE MILLEREAU)

Simpson à la baguette

Un parcours façonné par un architecte aussi mythique que les lieux, Tom Simpson. Si les greens sont bien défendus par des bunkers, à Chantilly comme sur tous les tracés signés de l'Anglais, vous ne trouverez jamais d'obstacle frontal. Une aubaine pour les amateurs de tops ou de grattes. Sur les greens en revanche, c'est une autre histoire. Il faudra bien se concentrer pour prendre la bonne ligne. Sur l'historique parcours de Vineuil, Laurent Bailly nous fait une confidence. « On joue Vineuil la plupart du temps mais pour les grandes compétitions, on reprend le tracé dit de "l'Old Course". Les huit premiers trous sont identiques, mais au lieu d'enchaîner sur le 9, on file directement au 12, et ainsi jusqu'au 18 de Vineuil, avant de terminer par les trous 10, 11, 18 des Longères. »

Le trou n°18 du parcours de Vineuil (PHILIPPE MILLEREAU / KMSP)
Le trou n°18 du parcours de Vineuil (PHILIPPE MILLEREAU / KMSP)

La chasse aux birdies

L'histoire n'est jamais bien loin, décidément. En déambulant entre les trous, Laurent Bailly évoque encore le passé du club, les souvenirs d'open de France, de Gounouilhou. L'échange est passionné, le président s'arrête sous l'immense drapeau qui fait face au club-house et explique l'origine du logo du club. « Les arbres correspondent aux quatre forêts de Chantilly et le cor de chasse à la chasse à courre qui est une activité très importante pour la ville. Je crois qu'en 1909, le club-house était un chalet de chasse. » Nous voici un peu plus instruits ; il est temps d'attaquer le parcours de Vineuil. Nous sommes début mars, les hautes herbes n'ont pas encore poussé, le tracé se révèle beaucoup plus permissif. Un drive un peu slicé sera facilement retrouvé et la carte de scores moins salée. « Pour se rendre compte de la valeur de Chantilly, il faut le jouer à partir de juin quand les roughs sont un peu plus méchants », admet Laurent Bailly.

(D.R)
(D.R)