Guillaume Biaugeaud : «Des conditions d'entraînement rêvées »

Pro et consultant préféré de Journal du Golf depuis plus de 10 ans, Guillaume Biaugeaud a quitté le Vaudreuil et Altus Europe pour aller tenter l'aventure aux Etats-Unis. Un pari osé que l'ancien racingman est en train de réussir.

Guillaume, vous faites quoi, aux Etats-Unis ?

Je dirige une académie qui s'appelle Altus Performance sur le golf d'Orange County National à Orlando, en Floride. C'est un endroit qui a accueilli de nombreux tournois comme le LIV il y a peu de temps, mais aussi les cartes du Korn Ferry ou du LPGA. La particularité d'Orange County National est d'avoir le plus grand practice des Etats-Unis. IL est organisé à 360 degrés avec un diamètre de 400 m. Le practice est ouvert à tout le monde car c'est un golf public mais nous sommes la seule académie présente sur le site.

Il n'y en avait pas avant que vous arriviez ?

Avant que nous arrivions, il y a eu jusqu'à 25 académies sur le site car le practice est absolument énorme. Mais le management d'Orange County National a voulu simplifier l'opérationnel. Avoir énormément d'académies rendait la vie un peu compliquée. Il y avait bien évidemment des tonnes de demandes et ils ont décidé de nous faire confiance et m'ont donné cette place dont tout le monde rêve. Et nous avons l'exclusivité de l'enseignement sur le site.

C'est vous qui êtes le responsable ?

Oui. J'ai pour l'instant deux coachs avec moi et je vais en recruter deux dans les quelques mois qui arrivent. On a la chance d'avoir un accès exclusif à une énorme part du practice. Mais on a aussi notre propre green, on a deux simulateurs, un chipping green et un studio de putting absolument fabuleux. Donc on a des conditions d'entraînement qui sont rêvées avec l'accès à trois parcours, deux parcours exceptionnels et aussi accès à un parcours 9 trous sur lequel il n'y a jamais personne : on peut le jouer dans tous les sens, entre 30 mètres et 300 mètres, dans tous les vents, vers de vrais green. Donc c'est bien évidemment un luxe et une chance incroyable.

Il n'y a pas beaucoup des Français qui sont implantés aux Etats-Unis dans le monde du golf. Ca n'a pas dû être facile ?

Oui et non. Comme coach français, il y aussi Adrien Mork qui est là depuis des années. On ne fait pas tout à fait la même chose car lui, il s'occupe d'une université donc il s'occupe d'une petite dizaine de joueurs. Nous, on est beaucoup plus sur l'enseignement. Cela été un peu compliqué parce que c'est un nouveau pays, parce que personne ne me connaissait ici. En France, j'avais une petite notoriété. Quand je suis arrivé, il y avait beaucoup, beaucoup de coaches, surtout en Floride, à Orlando, extrêmement reconnus. Donc c'est ça qui a été un peu plus difficile. Puis ça a été surtout dur d'implanter ma famille aussi parce qu'il y a ma femme et mon fils de neuf ans. Donc le début a été uun peu difficile mais rien d'insurmontable et surtout pour une finalité, pour ma famille et moi-même absolument extraordinaire !

Vous allez recruter deux coaches donc ca marche ?

Ça a été bien évidemment assez calme au départ. Altus a un petit déficit de notoriété surtout en Floride. À Dallas, tout le monde connait Cameron McCormick, ce n'est pas le cas ici. Donc il a fallu au départ nous positionner. Orlando est la ville au monde où il y a le plus d'académies. Mais progressivement ça fonctionne plutôt bien et effectivement on grossit, on grandit, nos agendas se remplissent et il va falloir qu'on recrute pour pouvoir répondre à toutes ces demandes.

Vous êtes toujours en contact avec le Vaudreuil et avec Altus ?

Je suis toujours en contact avec le Vaudreuil, bien sûr, avec Jean-Claude Forestier (propriétaire du golf), avec Altus en Europe, puisque le Vaudreuil est la base européenne d'Altus. Je ne suis pas en contact en permanence mais en tout cas, toutes les semaines. Je continue à les aider sur la partie organisationnelle mais aussi sur la partie technique puisque tous les mois je reçois les swings, le putting ou le chipping de l'ensemble des joueurs de l'académie. Et je fais un retour mensuel pour tout le monde.

Parlons des joueurs. Vous vous occupez personnellement de Pierre Pineau qui vient de monter sur le tour européen ?

Ça doit faire cinq ou six ans maintenant. Alors évidemment qu'il y avait un nouveau challenge parce qu'avant on habitait tous les deux au Vaudreuil donc c'était assez simple. Là, ce n'est plus du tout le cas. Mais ça s'est plutôt bien passé l'année dernière puisqu'il est monté sur le Tour européen en finissant 21 sur le Challenge Tour, ce qui est bien évidemment une saison excellente, même s'il n'a pas gagné. Mais on a la sensation qu'on aurait pu mieux faire. Mais en tout cas, pour l'instant, ça se passe très bien. Il vient régulièrement aux Etats-Unis, je vais régulièrement en Europe, Je pars d'ailleurs dans deux jours pour une semaine à Dubaï avec lui. Donc pour l'instant, ça se passe très bien et on va continuer à fonctionner comme ça. Pierre, c'est quelqu'un qui n'a pas réellement besoin d'avoir quelqu'un avec lui. Il se connaît bien. Il est en train de créer une équipe autour de lui avec un préparateur physique, avec un kiné, avec un nouveau cadet. Il a une petite amie impliquée et qui lui fait beaucoup de bien. Donc il sait très, très bien s'organiser et les choses fonctionnent bien comme ça. Si ça dure, on va voir comment ça va fonctionner sur le long terme.

En 2025, vous l'imaginez comment ?

Je le vois sans aucun doute garder la carte et être aux avants postes assez souvent. Maintenant, dire qu'il va gagner c'est compliqué par ce qu'il y a tellement d'éléments sur le fait de gagner ou pas, que je ne peux pas mettre en avant une victoire. Cette année où le circuit européen ouvre ses portes un peu à tout le monde, est un peu bizarre. Donc ça va être une année assez dure sur le Tour et l'objectif c'est vraiment de progresser dans tous les domaines, dans tous les compartiments du jeu.

Des nouvelles de Céline Boutier, élève de Cameron McCormick, le fondateur d'Altus ?

Céline a fait une saison moins exceptionnelle forcément que son extraordinaire saison 2023 mais elle a gagné sur le Tour européen en fin de saison et elle est toujours 9e mondiale ! Céline travaille toujours autant et elle essaie de gagner encore en distance. Elle est en tous les cas en grande forme. Son objectif est toujours d'être n°1 mondiale et j'espère qu'elle va réussir à l'atteindre.

Des nouvelles de Jordan Spieth, l'élève historique de McCormick ?

Il s'est fait opérer du poignet, une blessure plus grave que prévu quand ils ont ouvert mais il en ressort plus rapidement que prévu. Et aujourd'hui, il peut s'entraîner et jouer sans aucun problème. J'ai pu assister à quelques séances au mois de décembre et tout va très, très bien. Il est super excité de rejouer et surtout sans aucune gêne parce que je pense que quand on joue à ce niveau-là, la moindre petite gêne est vraiment problématique.

Après cette année passée aux Etats-Unis, vous comptez y rester ou vous souhaitez revenir en France ?

Vu le bonheur que nous vivons d'un point de vue professionnel ou personnel au quotidien, que ce soit moi ou ma famille aux Etats-Unis, nous n'avons pour l'instant absolument pas l'intention de rentrer. On va faire notre possible pour rester. Même si la France est un pays exceptionnel et même si pas mal de choses nous manquent en France, on sent que notre vie est désormais aux Etats-Unis. Aussi longtemps qu'on nous acceptera.