Golf de La Bretesche

Tous les mois, découvrez un golf dont l'histoire est contée par ses habitués. Direction ce mois-ci la région des Pays de la Loire et le golf de La Bretesche. Thierry Mathon, pro au golf depuis 1979, nous fait découvrir son club.

Une histoire de château

« J'ai la chance d'être dans ce golf, dont je suis tombé amoureux, depuis trente-huit ans. L'entrée se fait par le château et c'est à chaque fois extraordinaire. L'histoire du golf est en effet liée au château du domaine, qui a été édifié en 1498. De nombreuses fois pillé et détruit, il est finalement reconstruit par un certain Jacques Perron et acheté par la famille Montaigu en 1847. Ce n'est qu'en 1965 que la propriété change une nouvelle fois de propriétaire. Le domaine de 11 000 hectares a été divisé en quatre parties : le golf, qui fait environ 200 hectares, et trois autres parcelles privés. Le parcours a été tracé dans la forêt du château. C'est un 18 trous en pleine nature et je trouve que l'architecte Henry Cotton, en 1965, a parfaitement réussi à jouer sur l'environnement et le volume du terrain. Il a donné un esprit à ce parcours avec un vrai respect de la nature. »

Concurrence

« À une époque, notre club a atteint 400 membres, mais aujourd'hui nous sommes 250. La Bretesche est située entre Nantes et Vannes à seulement 30 km de La Baule. Il y a beaucoup de golfs dans la région, une dizaine dans un périmètre d'environ 50 km. Aujourd'hui, pour nous, le but est d'avoir de plus en plus de gens de passage. On veut avant tout que les golfeurs qui viennent en one shot, passent un bon moment et profitent de cette nature. Il faut qu'ils prennent le temps d'admirer. Parfois, les gens ont même du mal à jouer tant ils sont fascinés par les paysages. »

La Bretesche vu du ciel
La Bretesche vu du ciel

La première claque du 9

« Certains trous sortent du lot, mais on peut dire que nos 18 trous sont "signature". Ils ont tous leur caractère. Au niveau golfique, les trous 9 et 18 peuvent avoir la dénomination de "trou signature". L'arrivée du numéro 9 est magnifique avec le château en toile de fond et ce green légèrement surélevé. Pendant quelques années, on a reçu des compétitions et pas mal de balles atterrissaient directement dans les douves du château. Le plus compliqué sur ce parcours, ce sont les coups autour des greens, sur les côtés. Le rough est bien épais et les wedges chauffent. Le 58° est quasiment obligatoire. D'ailleurs, on y emmène nos élèves pour les habituer à ce genre de coups. »

Le pouvoir des fleurs

« Je ne me lasse pas de venir ici. Je suis un amoureux de la nature et celle du domaine est très changeante. J'adore les golfs en bord en mer comme Dinar, Pléneuf-Val-André, Saint-Jean-de-Monts. L'océan change tous les jours, mais la forêt aussi. Il suffit qu'il y ait un peu plus de soleil, d'ombre ou même des nuages, et les couleurs et les odeurs sont totalement différentes. On a deux très belles saisons : le printemps avec les rhododendrons en fleurs par exemple. En automne, les arbres sont de toutes les couleurs, c'est somptueux. Ce n'est pas le Canada mais presque. En plus d'avoir une grande variété de fleurs dont de rhododendrons, le symbole de notre golf, on trouve dans le domaine des cèpes, mais on ne révélera pas les coins.

(Sourire) Le parcours regorge de variétés d'arbres qui prennent des couleurs fabuleuses selon les saisons. Plus de 500 arbres ont été plantés il y a trois ou quatre ans et dans quelques années, je pense que l'on va voir d'autres couleurs et d'essences. Au 17 par exemple, on est vraiment dans un environnement royal avec ces buissons taillés de façon géométrique comme on peut le voir dans certains châteaux. C'est un par 3 avec un super coup de golf à faire. C'est pour moi l'attaque signature : on a un bunker à droite, un grand bunker à gauche, un green en haricot, l'eau à droite au fond. C'est un trou où l'on peut aussi bien jouer un fer 4 comme un fer 7 selon les conditions météo. »

L'histoire de Jack et Seve

« Petite anecdote sur le trou numéro 8, un fort dogleg gauche. Nicklaus et Ballesteros sont au départ et l'Américain dit à Seve : "Ici, tu passes sans problème au-dessus des arbres, normalement tu touches le green, je l'ai déjà fait il y a quinze ans." Ballesteros tape son coup, touche l'arbre et dit à Nicklaus : "Il y a quinze ans, les arbres étaient plus petits non ?"(Rires). Bien sûr c'est une petite histoire drôle, Nicklaus et Ballesteros n'ont jamais joué ici, mais on aime bien raconter cette anecdote en mémoire des bons joueurs qui ont réussi à toucher le green depuis le départ dans le passé quand les arbres étaient un peu moins grands. Sur ce trou numéro 8, on a une attaque de green fantastique avec une profondeur assez intéressante : quatre bunkers, un green de 40 m de long. C'est un très joli trou avec au fond des érables japonais qui peuvent devenir roux selon la saison. »

« En plus d'avoir une grande variété de fleurs dont de rhododendrons, le symbole de notre golf, on trouve dans le domaine des cèpes, mais on ne révélera pas les coins.»

Woosnam en guest star

« Nicklaus et Ballesteros ne sont pas venus à La Bretesche, mais on a reçu de grands joueurs comme Jean Garaïalde, Christian Bonardi et même Ian Woosnam. À l'époque, le Gallois était numéro 1 mondial et je me souviens très bien de ce jour. Aux alentours de 13 heures, je quitte le practice, j'arrive au club-house et je vois un petit bonhomme. Je n'en crois pas mes yeux, Ian Woosnam est là. Il est accompagné de Gareth Edwards, ancien international du XV gallois. Ils étaient dans la région pour voir un match à Bordeaux. Je savais qu'ils allaient jouer l'après-midi. Du coup, j'ai appelé tous les copains pour qu'ils viennent le voir. On a été impressionnés par sa stratégie sur le parcours. Je me souviens qu'il n'avait pas beaucoup sorti le driver mais avait tapé beaucoup de fer 1. C'était un moment assez mythique de voir un joueur de ce niveau à La Bretesche. »

(Gary Hershorn)
(Gary Hershorn)

Le point parapluie

« Cette petite cabane - que l'on voit au départ du 18 - est surnommée "le point parapluie". Ce n'est pas un repaire de parapluies mais un carrefour. On arrive du green du 6 au départ du 7, du green du 9 au départ du 10, et du green du 17 au départ du 18. Pendant les compétitions, c'est ici que l'on offre l'apéro. On mange un petit bout de pâté, une petite collation avant de repartir. On l'appelle le point parapluie parce qu'on s'y arrête souvent. »

Comme les Bordes

« Le trou numéro 13 possède un départ vraiment fabuleux. Il est tout en longueur en escalier avec une perspective sur de grands arbres. Il n'est pas rare de voir des chevreuils le matin, vers 8 h 30. C'est extraordinaire. On vit un moment de charme hors du commun. Nous sommes en pleine forêt et il y a quelques trous de La Bretesche que l'on peut comparer au parcours des Bordes. Sur ce 13, au départ, on a l'impression que l'on est sur une piste de décollage (il mime avec son bras une balle qui part comme un avion). On a un deuxième coup très intéressant avec un bunker sur la gauche qui est à 40 m du green. Sur ce par 5, le meilleur joueur du coin a déjà fait drive-fer 7 pour toucher le green, donc faut envoyer. (rires) »