Golf d'Étretat

Prenons la route de la Normandie pour découvrir le golf d'Étretat, un 18 trous qui surplombe les mythiques falaises. Philippe Baillehache, vice-président du club et Gérard Defrene, responsable de la commission terrain, nous accompagne.

Philippe Baillehache : « C'est un golf qui a une longue histoire. S'il a ouvert ses portes en 1908, les premières ébauches de travaux datent de 1906. Au tout début, il n'y avait que 11 trous. Il n'y avait pas uniquement du golf sur le parcours : au niveau de la Manneporte, on trouvait un stand de tir aux pigeons ! L'ancien club-house se situait au niveau de l'actuel départ du trou numéro 11. À l'époque, c'était l'endroit où il fallait se montrer ; Étretat était alors essentiellement fréquenté par une clientèle parisienne qui venait sur les traces des impressionnistes. C'est également au 11 que l'on peut apercevoir les ruines du fort de Fréfossé qui dominait la baie. L'ensemble du parcours a énormément évolué depuis sa création mais la dernière grosse modification date de 1990 où on a largement étendu le terrain. Il était déjà en 18 trous à l'époque mais on les a mieux répartis sur les 5 hectares que l'on avait en plus. »

Les ravages de la guerre

P. B : « Si le parcours est passé entre les gouttes de la première guerre mondiale, il a vraiment subi de terribles dommages à la fin de la seconde, à cause des bombardements et des traces de tank. Le comité directeur de l'époque a d'ailleurs demandé des indemnisations de dommages de guerre. On trouve d'ailleurs des bunkers notamment sous le putting-green et l'actuel club-house. Le parcours a totalement été retravaillé après cette triste période. »

L'influence de la mer

Gérard Defrene : « Le parcours est construit sur les falaises d'Étretat et la mer est visible depuis chaque trou. C'est un parcours de bord de mer où le vent joue un rôle clé. Le vent dominant vient souvent de l'ouest même si au printemps, on peut avoir une bise totalement inverse. Ici, on l'appelle le nordet (vent nord-est). Il peut être assez frais et puissant de l'ordre de 25 à 30 noeuds (55 km/h). Nous avons le souvenir de tempêtes pendant lesquelles on était obligés de tenir le chariot des joueurs quand ils jouaient, sinon le vent les emportait. On a coutume de dire qu'à Étretat, on peut avoir quatre saisons la même journée. »

Un green pas comme les autres

G. D : « Ici, si les greens sont relativement plats, ils ont des pentes générales qui ne sont pas toujours évidentes à lire. Le green du 1, par exemple, donne l'impression d'être plat mais en fait il descend énormément. Mais généralement, les greens descendent vers la mer. Si on a un doute, il faut toujours prendre la pente vers la mer. Le seul green qui se différencie des autres, c'est celui du 2. Là, on a laissé carte blanche à l'architecte et il s'est un peu amusé. C'est un double plateau avec deux bosses de chaque côté. Il se démarque des autres car il n'est pas du tout dans la norme des greens que l'on retrouve traditionnellement sur des parcours de bord de mer. »

(Michel Bureau/Biosphoto)
(Michel Bureau/Biosphoto)

Massy : une star à Étretat

P. B : « Arnaud Massy est à l'origine de la conception du golf avec l'architecte Julien Chantepie. Ensemble, ils ont monté les premiers 11 trous. Massy, vainqueur du British Open 1907, est ensuite allé jouer ailleurs. Mais il a fini sa carrière ici, et certains de nos anciens membres l'ont même eu comme pro en 1948 et 1950, juste avant son décès. On reçoit du beau monde : Jean Garaïalde est venu jouer ici, comme Michel Platini ou Yannick Noah. »

Le 4, l'autre signature

P. B : « Le trou numéro 10 est la signature du golf, mais j'ai une affection particulière pour le 4. C'est pour moi l'autre emblème du parcours. Le deuxième coup est fantastique, on a l'impression que l'on va plonger dans la mer. C'est le premier trou où l'on sent l'influence du vent d'ouest. Ensuite, l'arrivée sur le green est fantastique. Sur votre droite, vous avez la Manneporte : ce panorama est exceptionnel. À gauche on a aussi une jolie vue sur le phare d'Antifer et sur le sentier du littoral. C'est un chemin très fréquenté où les promeneurs se transforment souvent en spectateurs. D'ailleurs, on discute parfois avec eux et on partage notre passion. C'est très important pour nous. »

Le 10, l'icône d'Étretat

P. B : « C'est le trou le plus connu du parcours, que l'on voit sur toutes les photos. Sa beauté vient de ses départs surélevés, qui donnent une vue assez vertigineuse. C'est depuis toujours le trou handicap 1 du parcours. Il faut à tout prix rester sur le fairway. Les nouveaux joueurs qui arrivent à la côte d'Albâtre se cassent souvent les dents sur ce trou. On a déjà vu un joueur faire 33 ici. Il a dû mettre une quinzaine de balles au départ. On lui avait offert des balles et on l'avait félicité pour sa ténacité. »

Les pisseuses du 14

G. D : « C'est un trou magnifique avec vue sur une petite crique et le trou de serrure dans la falaise. La mer a des teintes très différentes selon les fonds marins. On trouve du vert, du bleu du gris. En fonction du temps, ce n'est jamais la même couleur qui domine. C'est un endroit magique. »

P. B : « La cabane que l'on aperçoit en contrebas est en fait un ancien puits que l'on utilise encore. À l'époque, il récoltait les eaux de ruissellement des falaises. C'est un endroit que l'on appelle "Les pisseuses" car on voit souvent de l'eau qui ruisselle sur la plage. Maintenant on utilise ce point d'eau pour arroser le parcours. »