Evasion : Dubaï, la frénétique

Destination phare pour le golf, Dubai est en perpétuelle expansion. Chaque année, de nouveaux projets immobiliers fleurissent, associés à un ou plusieurs golfs. Découverte, de l'historique Dubai Creek, du tout nouveau Dubai Hills et du Trump International Golf Club.

Historique Dubaï Creek

Tee time 7 h 30, le soleil se lève à peine sur le golfe Persique mais déjà le putting-green du Dubai Creek est noir de monde. On est samedi et comme tout le week-end, le départ se fait en shot-gun. « Les semaines où il y a beaucoup de monde, comme pendant la finale de la Race to Dubai, on est obligé de faire des shot-guns, précise Cyril Rozes, le pro PGA du Dubai Creek. On a deux départs dans la journée, un le matin et un autre l'après-midi à 13 h. » Dix minutes avant le départ, les voiturettes prennent la direction de leurs tees respectifs. Aucun retard n'est toléré. Direction le trou numéro 8, un par 3 de 194 mètres. Nos partenaires du jour sont deux Indiens, la soixantaine passée et aux swings approximatifs mais efficaces, membres du Dubai Creek depuis des années. Ils sont venus taper quelques balles avant de prendre l'avion. Pas le temps d'arriver à leur hauteur que le premier coup est déjà tapé. On se précipite alors sur notre sac pour ne pas prendre du retard sur nos deux compères, déjà un pied sur le green. « Dubai est une destination très prisée par les golfeurs, justifie Cyril, installé à Dubai depuis une vingtaine d'années. C'est un point stratégique entre l'Europe et l'Asie. Il y a beaucoup de golfs sur Dubai et on est vite saturé. Faire des shot-guns permet de satisfaire plus de monde. »

Club-house mythique

Même si cette formule est un peu sportive sur les premiers trous, une fois la partie lancée, on ne voit pas trop la différence avec un départ classique. Après l'échauffement du 8, le 9 nous plonge tout de suite dans l'ambiance. Au Creek, les fairways ne sont pas larges et les trous judicieusement défendus : plus de 200 bunkers jalonnent le parcours avec pas moins de sept obstacles d'eau. « Ici, c'est du target-golf. Le parcours n'est pas long - environ 6370 m des back-tees - mais il faut être précis. Il y a beaucoup d'eau. Les gens sont d'ailleurs très surpris d'en voir autant sur un parcours à Dubai. La clé ? Être patient mais surtout prendre beaucoup de photos. » Un conseil appliqué à la lettre dès le deuxième coup du 9 : la vue sur le mythique club-house mérite en effet un premier cliché. « On en est très fier. C'est d'ailleurs l'emblème des billets de 20 dirhams. C'est un joli symbole. »

Parcours mange-balle

Si les obstacles d'eau et les palmiers confèrent une patte plus américaine que dubaiote au Creek, le parcours, très agréable et situé au coeur de la ville, est officiellement le deuxième parcours en herbe du Moyen-Orient. Une caractéristique importante pour le pro PGA. « C'est primordial de le notifier car avant, il n'y avait que des parcours de sable. Quand les Anglais sont arrivés, ils jouaient sur des "browns". Tout était en sable et ils mettaient un peu d'huile de pétrole pour faire les greens. »

Les points forts du parcours sont nombreux comme le départ dans l'eau depuis une plateforme qui servait autrefois d'embarcadère pour la ligne d'hydravion reliant Dubai à Abu Dhabi, ou encore l'enchaînement des 17 et 18. « Quand vous devez jouer ces deux derniers trous en compétition, ce n'est pas de la tarte (sic) », commente Cyril Rozes. Ce sont de sacrés morceaux avec tous les ingrédients du Creek : de l'eau à gauche, un fairway étroit et une attaque de green délicate. Au 18, les choses se corsent un peu plus avec un green bien protégé par un obstacle d'eau. « C'est un parcours où l'on perd beaucoup de balles », conclut notre pro français dans un sourire.

Dubai Hills, le petit dernier

L'odeur de peinture fraîche est encore perceptible et les grues pullulent plus que jamais autour des fairways. Situé au coeur d'un projet immobilier en plein développement, le parcours a ouvert ses portes en novembre dernier. Encore confidentiel, le Hills devrait facilement se faire une place dans le paysage golfique dubaiote. « Notre stratégie n'est pas de devenir le numéro 1. Il y a une multitude de parcours à Dubai et nous sommes une possibilité en plus pour les gens qui viennent golfer ici », explique Darren King le directeur du Hills.

Pas de palmiers à l'horizon, l'ambiance est plus désertique qu'au Creek avec en ligne de mire la Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde. « C'est l'un des atouts de notre golf. Quand vous quittez le green du 4, vous prenez un petit virage et en arrivant sur le départ du 5 vous avez une vue imprenable sur la skyline. C'est unique. Chaque golfeur se souviendra de ce moment. »

La Burj en mire

L'instant est assez magique et le nombre de clichés sur notre appareil photo important. Sur ce départ, la Burj Khalifa devient même notre ligne de jeu pour tenter de se faire une place sur le fairway. « Pour moi, c'est le plus beau trou du parcours, confie Darren. C'est un par 5 que l'on peut toucher en deux, pour les longs frappeurs. Ce n'est pas un trou facile car les avant-greens sont torturés ; donc même le toucher en trois est difficile. » Vérification immédiate sur le parcours, après un drive correct des départs avancés : notre balle atterrit juste avant le bunker de fairway. Et des bunkers, on ne voit que ça sur ce deuxième coup. Il reste encore plus de 200 mètres à parcourir et il faut absolument rester à droite sous peine de trouver le sable. Attaquer où jouer la sécurité ? « C'est le trou le plus dur du parcours, insiste Darren. Mais si vous vous sentez bien dans votre jeu, tentez le coup. Les prises de risques sont généralement récompensées... »

Parcours de membres

Tous les trous ne sont cependant pas aussi compliqués que le 5. En fait, Dubai Hills est un bon mélange entre stratégie et coups sans pression. Mais le par où même le bogey ne seront pas toujours donnés tant les greens peuvent corser votre score. Souvent en hauteur, un mauvais chip retombera sur vos pieds et une fois dessus, il faudra dompter la vitesse et les pentes souvent redoutables. « Ce n'est pas un tracé trop dur, dessiné uniquement pour les meilleurs joueurs du monde. Sur certains départs, il y a même jusqu'à sept tees afin d'ajuster la difficulté pour qu'il soit jouable par tous. »

Trump, l'Écosse à Dubai

(Kevin Murray)
(Kevin Murray)

Impossible de quitter Dubai sans jouer le Trump International Golf Club. Construit également au coeur d'un projet immobilier, le club-house en impose. Écriture en gros caractère, sol brillant, intérieur manucuré, rampe dorée, accueil impeccable, la patte américaine est tout de suite perceptible. Une fois sur la majestueuse terrasse, le parcours apparaît et donne un avant-goût de ce qui nous attend : à droite le départ du 1 et son fairway grand comme une autoroute dubaiote, à gauche le green du 18, bordé par un bel obstacle d'eau. « Nous sommes ouverts depuis deux ans, explique Martin McDonagh, directeur adjoint du Trump. C'est un vrai links dans le désert. Le terrain est très ferme. Un bon drive va rebondir et rouler pendant des kilomètres. »

Un links à la britannique

On s'approche du départ. Le panneau à l'ancienne avec le logo du club et le numéro du trou est entouré d'herbe haute. Il donne le ton : c'est l'Écosse à Dubai. Le large fairway du 1 enlève un brin de stress au départ. Notre drive, un poil slicé, finit sa course bien à droite. « Pas de problème, rassure le starter. Vous allez retrouver votre balle et jouer sans souci. » Mis à part quelques touffes de bush qui protègent les greens et les bunkers, le parcours se joue comme un links britannique. « C'est Gil Hanse à qui l'on doit Castle Stuart qui a dessiné le tracé. Ici, il y a clairement des touches d'Écosse et d'Irlande du Nord. On reconnaît sa patte et sa philosophie : du départ, le green est atteignable même en poussant la balle. Il n'y a pas de piège direct. »

L'arène du 5, 6 et 7

Sans obstacle jusqu'au green, donc, mais des dance-floors qui font plus que se défendre : ondulation, double plateau et vitesse supersonique. Les trois voire quatre putts peuvent vite plomber votre carte. « lls sont très fermes avec pas mal de pentes, concède Martin. Mais c'est une volonté de notre greenkeeper qui souhaite avoir des greens rapides toute l'année. Les greens sont nos gardiens. »

Au final, le Trump est une géniale aventure golfique à jouer plutôt en soirée pour profiter des belles lumières au soleil couchant. Comme il est niché au sein d'un projet immobilier, ne vous attendez pas à être seul au monde. Les grues et les bruits des travaux font pour le moment partie du paysage. Mais on s'y fait et les premiers bâtiments déjà sortis de terre se marient parfaitement avec le parcours. Le passage 5, 6 et 7 en est le parfait exemple : les immeubles y forment une arène grisante. Au final, le Trump International Golf Club ne souffre quasiment d'aucun défaut. On se retrouve sur un parcours manucuré et aux trous variés à faire absolument.