Céline Herbin, par Pauce. Coiffure / maquillage : Serena Forgeas.
Céline Herbin, par Pauce. Coiffure / maquillage : Serena Forgeas.

Dans les coulisses du shooting avec Céline Herbin

Égérie du numéro 166 de Journal du Golf, spécial Lacoste Ladies Open de France, Céline Herbin pose devant l'objectif de Pauce. Retrouvez les images du shooting, réalisé à Paris le 24 août dernier.

Extrait de l'interview, à retrouver dans Journal du Golf #166.

Six ans ont passé depuis votre victoire à l'open de France. Quel sentiment vous revient, en y repensant ?

Céline Herbin : « De la fierté. D'autres championnes françaises n'ont pas eu la chance de vivre cela, une victoire en France. J'avais déjà eu quelques bons résultats et je jouais un peu aux États-Unis, mais cette année 2015 a été une vraie rampe de lancement pour ma carrière.

En 2015, tout était encore hypothétique, dans vos choix de carrière ?

C. H. : Plus vraiment. En 2012 en revanche, oui. Je commençais sur le Tour européen féminin et je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai eu quelques tops 10, je sentais que j'étais proche d'une victoire sur ce circuit. Puis par chance, c'est tombé sur mon open national. C'est magnifique.

Un souvenir de déclic cette semaine-là, à Chantaco ?

C. H. : La semaine d'avant, je jouais un tournoi du Symetra Tour dans le Kansas. Je suis arrivée un peu "à l'arrache" en France, seulement le mardi midi et avec sept heures de décalage horaire. Du coup, j'étais hyper relâchée, j'étais là pour prendre du plaisir avant tout. Je me sentais à l'aise sur ce parcours et je savais qu'il me convenait. Au pro-am du mercredi, j'ai joué -4, j'avais de bonnes sensations. J'ai enchaîné avec un nouveau -4 le jeudi et tout s'est bien goupillé. Le tout au cours d'une saison pas simple à gérer, avec beaucoup de déplacements puisque j'avais déjà joué quelques tournois aux USA, à la fois sur le Symetra Tour et sur le LPGA. Je sentais que l'expérience acquise là-bas m'avait beaucoup fait progresser. Je me sentais forte.

Vous avez souvent eu à jongler entre trois circuits, entre l'Europe et les États-Unis. Comment gère-t-on trois classements à la fois ?

C. H. : En 2015, c'était très difficile. En 2016, j'ai obtenu ma carte sur le LPGA et cela m'a bien simplifié la vie. Je n'avais plus à aller sur le Symetra. Outre les voyages qui fatiguent, ce qui est difficile, c'est de choisir entre les tournois et les différents objectifs. En voulant courir sur deux tableaux, on peut perdre... J'ai douté en début d'année 2020 et j'ai songé à passer toute ma saison suivante sur le LET, pour me donner le plus de chance en vue d'une qualification pour la Solheim Cup. Mais c'est difficile de refuser de jouer des tournois du LPGA face aux meilleures mondiales chaque semaine. J'accomplis actuellement ma meilleure saison en carrière aux USA, ce qui ne m'a pas du tout aidée à me qualifier pour la Solheim. Bref, les choix sont durs et j'ai hâte que l'on ait un circuit mondial unifié !

Pour revenir à l'open de France 2015, pouvez-vous nous raconter ce dimanche hyper animé, conclu en play-off face à la jeune Emily Pedersen ?

C. H. : Je n'ai pas commencé très fort ce dernier tour, avec mon seul trois-putts de la semaine sur le green du 3. Pedersen, elle, a commencé très fort, au point d'avoir cinq coups d'avance après neuf trous. Sur le tee du 10, je ne sais pas pourquoi, je me suis convaincue que tout était possible. Je savais qu'elle était jeune, sans expérience et qu'aller chercher une première victoire serait dur. J'imaginais un fléchissement de sa part possible, il fallait donc que je continue à donner le meilleur de moi-même.

Si une Suzann Pettersen avait alors été en face de vous, auriez-vous été moins confiante ?

C. H. : C'est sûr, mais on l'a encore vu à l'US Open cette année. Lexi Thompson est une sacrée championne, mais cela ne l'a pas empêchée de craquer complètement sur les neuf derniers trous du dimanche. Nous sommes toutes humaines, quel que soit notre niveau ou notre vécu. À Chantaco, je score -3 sur les neuf derniers trous et Emily, +2, avec ce double-bogey au 17 dur à encaisser. Au recording, elle était en pleurs à côté de moi. Nous devions quand même jouer le play-off dans la foulée, ce n'était pas le meilleur des signaux à envoyer à l'adversaire. Montrer tes émotions ainsi, tu ne dois pas faire ça !

Au premier trou de play-off, son échec à un mètre du trou était-il donc logique ?

C. H. : Oui, il fallait que je sois patiente, que j'attende simplement mon tour. Il me restait donc 80 centimètres pour conclure, un putt pas du tout "donné". Je ressentais beaucoup d'émotions et mes mains tremblaient pour gagner le tournoi, devant tout ce public autour du green. Mais j'avais la conviction profonde que j'allais rentrer ce putt. La clé, c'est d'accepter la tension, le coeur qui bat plus fort. Il ne faut pas lutter, ce genre de réactions est normal. Il faut ensuite faire confiance au processus. Je me suis juste dit : "Il y a une balle, un trou, un putt. À moi de faire de mon mieux" et surtout pas, "C'est le putt pour gagner l'open de France" Il faut sortir du contexte, sinon on perd sa concentration et la façon de faire.