Les jardiniers de Vannes à l'oeuvre. (DR)
Les jardiniers de Vannes à l'oeuvre. (DR)

Des jardiniers plus verts

Dans tous les golfs de France, les gardiens de la nature tentent de rendre leur métier et leurs terrains plus écologiques. Journal du Golf a recueilli les témoignages de ces actions vertes du quotidien.

Christophe Gaillot - Golf de Villennes-sur-Seine (78)
« Favoriser les défenses naturelles des plantes »

Nous avons installé des ruches sur notre parcours et avons décidé de laisser des zones de hauts roughs pour favoriser le développement de la biodiversité. Côté eau, seuls les greens et départs sont arrosés deux fois par semaine, afin de favoriser l'enracinement et diminuer la quantité d'eau nécessaire. Enfin, nous commençons à utiliser des produits biostimulants afin de favoriser les défenses naturelles des plantes, et nous avons lancé un programme de conversion de flore. Cela servira à limiter voire supprimer les intrants de synthèse, tant cela n'impacte pas la surface de jeu.

Dominique Poirier - Golf de Rennes (35)
« Associer qualité de jeu et conservation d'espaces naturels »

Notre golf est un habitat privilégié d'espèces animales menacées, selon un diagnostic de la Ligue de protection des oiseaux. Grâce à l'implantation de zones de biodiversité, la limitation des intrants, la non-utilisation d'insecticides chimiques et l'instauration de méthodes culturales naturelles, l'inventaire est très encourageant : 45 espèces d'oiseaux, dont 33 nicheuses sur le site, un grand nombre d'odorantes et de papillons, des amphibiens (dont le triton alpestre et le triton crêté, classées vulnérables). Preuve que l'on peut associer rigueur de l'entretien du gazon, pour sa qualité de jeu, et conservation d'espaces naturels.

Le miel du golf de Villennes sur Seine. (DR)
Le miel du golf de Villennes sur Seine. (DR)

Philippe Burgeat - Golf de Mérignies (59)
« Éviter les réactions dans l'urgence »

Nous limitons les intrants en utilisant des alternatives : produits naturels, sursemis et actions mécaniques, ainsi qu'une "potion magique" dont je ne donnerai pas le secret... Depuis trois ans, nous avons testé des produits alternatifs naturels (jus d'algues, etc.), avec plus ou moins de succès. Trouver les bons produits demande du temps et nécessite plus d'anticipation, afin d'éviter les réactions dans l'urgence (produits phytos lors d'apparition de maladies). Nous sommes autonomes en eau d'arrosage : captage d'eau et arrosage avec de l'eau 100 % recyclée, pas de pompage dans la nappe ni eau de ville. Enfin, notre gestion de cette eau est optimisée : station météo locale et logiciel dernière génération d'arrosage, pour une économie de 10 % d'eau. Le fait d'arroser à bonne dose maintient une flore choisie, résistante aux maladies et à la sécheresse, et limite encore l'utilisation de traitements.

« Preuve que l'on peut associer une rigueur de l'entretien du gazon, pour sa qualité de jeu, et la conservation d'espace naturels. »

Dominique Poirier, intendant au golf de Rennes

Erwan Vanesse - Golf de Vannes-Atlantheix (56)
« On ne combat plus le trèfle, on l'utilise »

Nous avons construit des greens synthétiques, qui ne nécessitent aucun produit phytosanitaire, aucun engrais et pas la moindre goutte d'eau. Ces greens conservent les qualités de vitesse, de régularité de roule et de souplesse d'un green classique. On réduit ainsi les pollutions liées à l'entretien d'une telle surface et l'on divise par 12 la quantité de sable nécessaire à l'entretien. Un paramètre non négligeable quand on connaît les problématiques mondiales de l'extraction du sable. Chose peu commune sur un terrain de golf : on ne combat plus le trèfle, mais on l'utilise. Le trèfle a la capacité de fixer l'azote de l'air via des nodules racinaires. L'azote étant nécessaire au développement de la plante, cette association trèfle/graminée permet de réduire les apports d'engrais, tout en permettant un lie de balle convenable.

Le nichoir à chauve-souris du golf de Chantilly. (DR)
Le nichoir à chauve-souris du golf de Chantilly. (DR)

Étienne Carbonel - Golf des Volcans (63)
« Nous n'arrosons que les greens »

Afin de limiter la consommation d'eau, nous effectuons de nombreuses opérations mécaniques : carottage, spike, verticut, sablage. Ces opérations permettent de favoriser la descente de l'eau vers les racines afin qu'elle ne reste pas en surface et de limiter les pertes par évaporation. D'ailleurs, nous n'arrosons que les greens. Nous y avons introduit des bactéries afin qu'elles participent à la dégradation des éléments nutritifs pour le gazon ; ceci dans le but de limiter les apports d'engrais. Enfin, nous effectuons des sursemis en agrostis stolonifère et tenuis, afin de limiter l'expansion des pâturins annuels très gourmands en eau et en engrais, et très sensibles aux maladies et à la sécheresse.

Denis Darracq - Golf Lacanau-La-Méjanne (33)
« Un vaccin pour les plantes »

En plus des apports fertilisants classiques, nous réalisons un apport mensuel de trichoderma harzianum associé à un agent mouillant. Cela a pour effet de stimuler le système racinaire tout en limitant les champignons pathogènes et notamment le "dollar spot". Nous avons également divisé le green n° 9 en trois parties pour un test de "biocontrôle". La zone arrière nous sert de témoin et ne reçoit que l'application de trichoderma plus mouillant. La partie avant gauche reçoit la même solution, ainsi qu'une préparation à base de bacillus. La partie avant droite se voit appliquer toutes ces solutions, plus un extrait d'algue brune stimulant les défenses naturelles des plantes à l'image d'un vaccin.

Cette démarche nous permettra d'établir un plan de gestion plus sain pour l'environnement tout en maintenant de belles surfaces de jeu.

Le potager du golf du Rhin. (DR)
Le potager du golf du Rhin. (DR)

Jean-Louis Mignon - Golf du Lys Chantilly (60)
« Ne pas être dépendant de la concurrence »

Notre forêt est envahie de chenilles processionnaires du chêne. Nous avons opté pour une lutte naturelle avec l'implantation de 50 nichoirs à mésanges et chauve-souris, friandes de ces larves puisqu'elles en consomment plusieurs centaines par jour. Le taux d'occupation des nichoirs est supérieur à 90 %, ce qui va nous inciter à augmenter leur nombre. Par ailleurs, nous avons arrêté de tondre certaines zones et adopté le principe du zéro phyto sur les zones hors-jeu. Résultat : en trois ans, la bruyère naturelle se réimplante et dernièrement nous avons pu observer des oeillets couchés dans un sous-bois alors qu'ils avaient presque disparu des Hauts-de-France. L'enjeu écologique de demain doit être partagé par tous les acteurs du golf et ne pas être dépendant de la concurrence qu'on se livre pour attirer les joueurs, concurrence qui reste souvent un frein aux actions écoresponsables.

Serge Boutes - Golf de Téoula
« Zéro désherbant total, zéro insecticide »

Le prélèvement d'eau est passé de 90 000 m3 dans les années 2000 à 45 000 m3, soit une économie de 50% grâce à la redéfinition des zones prioritaires de jeu, l'amélioration du système d'arrosage, le matériel et la gestion centralisée de l'arrosage. Les produits phytosanitaires ont été réduits avec aujourd'hui zéro désherbant total et zéro insecticide. Les traitements sont réduits à demi-dose grâce à un procédé (ATIBEN) de nettoyage de l'eau servant aux pulvérisations, permettant ainsi de passer en-dessous des 50% de diminution comme l'exige le plan Ecophyto. Le tri des déchets, la suppression de poubelles sur les zones de jeu, le recyclage en interne des déchets végétaux, viennent compléter ces évolutions.

Les moutons du golf de Dinard. (DR)
Les moutons du golf de Dinard. (DR)

Aurélie Morandin - Saint-Omer Golf Club
« Un compost tea pour la résistance du gazon »

Mon prédécesseur s'était lancé dans un « compost tea ». Le thé de compost permet de faire fermenter dans une cuve des éléments choisis pour leurs effets bien particuliers. Nous appliquons ce « thé », une fois filtré, sur nos zones de jeu afin de développer et favoriser la vie du sol ou la vigueur et la résistance du gazon. Nous utilisons, entre autre, du compost prélevé dans nos bois, des décoctions, des purins, des bactéries, différents sucres, des acides humiques, du sel d'epsom... Depuis cette année, nous préparons nos purins et décoctions de plantes « maison ». Nous avons pour cela de nombreuses ressources végétales sur le parcours comme les orties, la consoude ou les feuilles de sureau. Les gourmands de l'équipe ont aussi ont fait de la tarte avec de la rhubarbe et nous avons récupéré les feuilles pour faire un purin ! Nous travaillons également de plus en plus avec des algues et des mélanges multi plantes. Les effets sont très variés selon les plantes travaillées : renforcement des cellules végétales, répulsif pour les insectes, stimulation racinaire, apports en oligo éléments...

Paul Bontemps - Golf du Rhin
« Nos légumes sont servis au restaurant »

Nous avons mis en place un potager, avec des légumes de saison servis au quotidien dans le restaurant du golf. Par ailleurs, nous avons implanté des ruches, dont le miel est vendu aux membres, ainsi que des cabanes à insectes. L'objectif étant de préserver le plus possible la biodiversité et de travailler différemment, en ayant plus d'écoute du végétal. En ce sens, nous avons installé des pédiluves au départ du 1 et du 10, obligeant les joueurs à désinfecter les roues de chariots et leurs chaussures pour respecter le terrain. Aujourd'hui, nous utilisons bien moins de produits phytosanitaires, nettement moins d'eau (-60 000 m3 en cinq ans) et moins d'engrais.

Le sablage des fairways au golf de Mérignies. (DR)
Le sablage des fairways au golf de Mérignies. (DR)