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Chip Brewer President/CEO, Callaway Golf  (DR)
Chip Brewer President/CEO, Callaway Golf (DR)

Chip Brewer

Oliver « Chip » Brewer dirige Callaway Golf depuis 2012. Ce passionné de matériel a insufflé une énergie positive dans la marque américaine. En moins d'une décennie, ce boss ultra-exigeant a même remis la firme de Carlsbad au top. Stratégies, caractère, passion... lors d'un récent entretien accordé à un parterre restreint de journalistes européens, « Chip » s'est confié.

Callaway est de nouveau un des acteurs majeurs de l'industrie. Quel chemin avez-vous dû emprunter après ces années compliquées ?

Oliver Brewer : « Nous avons investi de nouveau très fort dans notre coeur de métier qu'est le golf. Que ce soit sur le Tour européen, dans notre force de vente, dans la recherche et développement (R&D) via l'intelligence artificielle (IA), nous n'avons pas ménagé nos efforts financiers. Nous avons investi près de 35 millions de dollars dans un projet de modernisation de nos balles, par exemple. Nous avons une stratégie très agressive en la matière, mais nous n'avons pas oublié de prendre en compte de nouvelles opportunités de développement. C'est pour cela que nous avons acquis des marques comme Ogio, Travis Mathew ou Jack Wolfskin.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

O. B. : Incontestablement de la position de leader que Callaway a retrouvée. La seule façon d'être satisfaits de notre travail est de savoir qu'on participe tous à la création des meilleurs clubs de la planète. Bien sûr, sortir un driver comme l'Epic Flash est quelque chose de génial. Mais ce qui est encore plus cool, c'est de savoir que ce club est à la base d'un investissement bien plus large qui va servir pour les décennies à venir.

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À quel point êtes-vous présent lors de la création de nouveaux clubs ?

O. B. : Je teste tous les clubs que nous lançons. J'ai une relation très étroite avec les concepteurs et les ingénieurs de nos nouveaux produits. C'est très important pour moi. J'ai été nommé à la tête de Callaway pour insuffler une dynamique différente. Bien sûr, les ingénieurs et Doc (Allan Hocknell, l'ingénieur en chef) en particulier étaient un peu sur la réserve ne sachant pas trop où j'allais les mener. Très vite je les ai rassurés en leur expliquant ma vision des choses : le produit est au centre de tout. Je ne leur ai pas caché mes exigences.

Comment se concrétise votre exigence qu'on dit très grande ?

O. B. : Lors de ma première réunion de travail à mon arrivée chez Callaway début 2012, on m'a présenté de nouveaux bois qui devaient sortir six mois plus tard. Je n'ai pas eu peur de dire qu'ils n'étaient pas assez bons à mon goût. Les ingénieurs m'ont dit qu'ils n'auraient pas le temps de proposer quelque chose de plus abouti. Et j'ai répondu : "Si, vous allez trouver le moyen de concevoir de bien meilleurs clubs. Revenez vers moi avec des clubs dont vous serez fiers." Tout le monde était un peu choqué, les rires étaient... disons nerveux. Mais quand j'ai échangé quelques jours plus tard avec ces mêmes ingénieurs, j'ai compris que j'avais eu raison d'être ferme. Tous avaient adoré être challengés de la sorte. Cette exigence presque intransigeante de perfection les avait titillés. Et les X-Hot sont sortis quelques mois plus tard. C'était le premier gros succès de Callaway depuis un bon bout de temps. Il était fondamental que tous les ingénieurs soient fiers de ce succès et qu'ils aient une notion claire de ce pour quoi ils s'investissaient chaque jour.

(DR)
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Pensez-vous qu'il y ait encore de la place pour de réelles avancées technologiques sur des clubs encadrés par des règlements de plus en plus stricts ?

O. B. : Bien sûr ! On n'investirait pas entre 35 et 40 millions de dollars chaque année en R&D si nous ne pensions pas que des améliorations étaient possibles. Si ça n'était pas le cas, je saurais assez rapidement comment faire économiser quelques millions à l'entreprise (sourire). Bien sûr, ça devient de plus en plus compliqué d'innover. Ça implique de plus en plus de ressources tant humaines, que technologiques ou financières. Ça implique des prouesses côté fabrication. L'arrivée de l'IA, dans laquelle nous avons énormément investi, va apporter une tout autre façon de concevoir les clubs. Nous ne sommes qu'au tout début des possibilités que cette technologie va offrir.

Quelle vision avez-vous du golf du futur, des produits tout autant de la façon dont ce sport va être pratiqué, voire consommé ?

O. B. : J'ai récemment vu une étude très intéressante qui disait qu'on allait probablement avoir plus de joueurs pratiquant le golf en dehors des parcours. Les structures comme Topgolf, les simulateurs, etc. C'est l'un des futurs du golf. Le jeu traditionnel sur 18 trous persistera sans aucun doute. Mais le gros de la pratique se fera en dehors des parcours et suivant des formules plus ludiques aux yeux d'un large public. Je ne sais pas si c'est bien ou non. Je me dis que c'est sûrement une porte d'entrée intéressante vers le golf traditionnel. Il ne faut pas se le cacher : se mettre au golf dans la plupart des pays du monde est compliqué. Cette évolution est déjà en marche et je ne suis pas certain que tous les acteurs du monde du golf traditionnel se rendent bien compte des impacts positifs que cela va avoir. Certaines évolutions ne seront pas simples. Mais au final ce ne sera que bénéfique pour le golf en lui-même. Quelque part, la simplification récente d'un grand nombre de règles va dans ce sens. Donc, ça avance. Et le fait de voir l'USGA et le Royal & Ancient réfléchir conjointement - avec comme objectif commun de promouvoir le jeu au sens large - est un signal très positif. On a tous envie que le golf soit un jeu qui parle au plus grand nombre. C'est encore un jeu trop masculin par exemple. Il y a énormément de zones d'amélioration pour aller dans le sens d'une plus grande ouverture. »